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Pour raconter son histoire, il faut d’abord prendre du recul.


Echange avec Arnaud Collery


Arnaud Collery est coach, conférencier, expert du bonheur au travail et de la réinvention de soi. Entrepreneur aux multiples facettes, il a créé Stand Up for Passion en 2014 - une série d’événements à travers le monde au cours desquels des individus racontent leur histoire de manière inspirante -, il développe désormais Humanava - une plateforme de formation en ligne dédiée au développement personnel et aux soft skills. Il a également publié “Mister Happiness” en 2018 aux éditions Larousse. J’ai eu la chance de rencontrer Arnaud en 2016 lorsqu’il m’a coachée pour mon premier TEDx.


 

Marie : Arnaud tu es un spécialiste de la réinvention, c’est un sujet dont tu parles beaucoup et que tu as beaucoup expérimenté aussi en passant de la finance au cinéma, du cinéma au standup, puis au coaching et aujourd’hui à l’entreprenariat. Pour toi, quand on change de vie, comment on raconte son histoire ?


Arnaud : On raconte son histoire en se posant, en prenant le temps d’identifier pourquoi on est ce qu’on est aujourd’hui : on étudie le graduel et le dramatique, les cassures qui ont eu lieu dans notre vie personnelle, bonnes ou mauvaises. Identifier ces dynamiques et repérer les “satoris” - moments de prise de conscience en japonais - permet cette prise de conscience nécessaire pour raconter son histoire, et se réinventer.

Ces insights, ces moments de prise de conscience de soi, arrivent bien sûr dans des conversations avec des professionnels mais aussi seul, souvent lors d’une retraite. C’est important de passer du temps à vraiment se poser et se demander « quels ont été les grands moments ? » et là, tu peux commencer à écrire ton histoire personnelle. Ça passe d’abord par le fait de comprendre ton passé car celui-ci révèle ta raison d’être. Il ne faut jamais se demander où on veut aller, avant de comprendre son passé, sauf dans le cas de « l’appel de l’aventure » (Joseph Campbell).

Souvent la réinvention est un moment de crise durant lequel on est obligé de changer, soit parce que notre âme nous le dit, soit parce que la vie nous le dit - et on est plus enclins à faire ces exercices de prise de recul à ce moment-là. Mais même lorsqu’on n’est pas en réinvention, c’est quand même important de prendre du recul sur soi. Seuls 15% des gens sont conscients d’eux-mêmes.

En résumé, pour raconter son histoire, il faut d’abord prendre du recul.

Puis, il faut mettre ses mots, verbaliser ce qu’on ressent, mettre des émotions sur ce qu’on ressent, développer son intelligence émotionnelle et son empathie, et enfin, comprendre sa raison d’être.



M : A quel moment faut-il parler de soi quand on est en pleine réinvention ? Est-ce qu’il vaut mieux prendre un temps pour soi pour vraiment trouver sa voie ou est-ce que le storytelling est au contraire une manière de se chercher et de se trouver ?


A : Plus tu te prépares, mieux tu vas trouver ta voie, mais pour certaines personnes c’est en faisant du storytelling. Pour les introvertis, il vaut mieux prendre un temps pour soi et travailler en amont. L’extraverti peut comprendre en parlant. Pour les autres, il faut écrire son histoire.

Si tu veux effectivement changer, en disant « je », tu deviens quelqu’un d’autre, c’est le même principe qu’avec un mantra.


M : Quels sont tes conseils pour raconter une histoire authentique au quotidien et lors d’une prise de parole spécifique ?


A : L’important réside dans le trinôme authenticité, alignement (qui consiste à être en phase avec tes priorités et ce que tu veux être, ce qui peut changer) et vulnérabilité.

Quand j’ai monté Stand Up for Passion on a failli l’appeler “Raw” parce que l’authenticité c’est aller dans le vrai. Quand on est dans le vrai, on a besoin de dire quelque chose. Inversement, on se raconte des histoires quand on relate des choses parce qu’on pense que les autres vont aimer. Mais tu guéris en te lâchant et en te libérant, pas en te conformant. Tu ne peux aussi être authentique sans être vulnérable. En France, « storytelling » veut dire « l’histoire qui va bien » mais il faut accepter que certaines choses ne plaisent pas aux gens. Le problème est que 99% des gens n’arrivent pas à être jugés. L’authenticité est souvent mal vue en France. Mais Superman et Superwoman n’existent pas. Et il y a souvent cet écueil, cette fausse idée dans le coaching qu’il faut représenter cette image idéale. Mais jamais je n’aurais pu comprendre les autres si moi-même je n’avais pas de failles ! C’est aussi ces imperfections et ma vulnérabilité qui font de moi un bon coach. Un bon coach, ce n’est pas quelqu’un qui a tout compris et qui est parfait.



Merci Arnaud !


instagram : @standupforpassion



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